Toyota GR Yaris (Premium Pack)

Les fondamentaux.

On peut s’accorder pour dire que 2020 ne fut pas l’année des bonnes nouvelles. Nous les connaissons toutes et je ne suis pas là pour vous les énumérer. Mais, car même avec les mauvaises choses il y a un “mais”, quelques annonces nous ont aiguisé un sourire en coin. Parmi ces dernières, il y avait la GR Yaris. Peu de fois le monde de l’automobile tout entier s’est enthousiasmé à ce point. Il est vrai qu’il y a de quoi, la GR Yaris est une voiture d’homologation, c’est-à-dire qu’elle existe seulement pour que la Yaris de rallye puisse courir. Et historiquement cette recette nous a donné des voitures telles que la 250 GTO, la 288 GTO, la MC12, la 911 GT1, la CLK GTR, la Delta HF et j’en passe. La petite Yaris monte sur les épaules de ces voitures qui ont marqué l’histoire de l’automobile au fer rouge et veut, à son tour, écrire son chapitre.

Et en sortie de courbe, mettez gaz, ouvrez en grand, la GR Yaris s’extrait du virage avec une force inouïe sans faire patiner une seule roue.

Yaris ? Où es-tu ?

La nouvelle Yaris est reconnaissable entre tous et pourtant lorsque l’on met la version civilisée à côté de la GR, il y a plus de différences que de similarités. Le bouclier avant a été complètement changé, le profil abandonne les 4 portes pour s’en équiper de seulement 2, la poupe change de parechoc avec 2 sorties d’échappement, les passages de roues sont élargis à la manière Delta HF, la ligne du toit est beaucoup plus plongeante, bref, les changements ne sont pas subtils. Quelle bouffée d’air frais ! De nos jours les changements sont mineurs entre la version sportive et la version « grand public », mais dans le cas de la Yaris, les deux voitures sont différentes. Et pourtant tout le monde sait qu’il s’agit d’une Yaris, grâce notamment aux optiques. Comme un air de famille entre deux visages ou quelques traits sont identiques, les yeux, le nez… Oui ! C’est bien une Yaris ! Un coup de maitre.

L’intérieur change plus timidement, l’ambiance voiture de course y est, heureusement, moins présente. Mais évidemment les changements sont présents. Les sièges sont plus fermes et plus enveloppants, recouvert d’alcantara, le levier de la boite est rehaussé pour avoir une course plus courte entre le volant et le levier, l’instrumentation change complètement passant du digital a deux simples compteurs à aiguille, comme au bon vieux temps, la console centrale se voit aussi ajouter une petite molette permettant de régler entre sport, track et normal. Malheureusement, le système de navigation trône toujours en plein milieu, sur la Yaris normal sa présence ne dérangeait pas mais sur la GR, avec son parebrise plus incliné, le rétroviseur intérieur se place trop près du système de navigation laissant trop peu d’espace pour voir entre les deux.

On embraye et là on sourit, l’embrayage est dur et son poids très maitrisé.

La présentation intérieure est dans l’ensemble soigneuse et tout semble fait pour durer dans le temps. Des petits GR ici et là habillent certains éléments comme les sièges, la console centrale ou le volant. On regrette tout de même que l’assise soit si haute, malgré la possibilité de changer la hauteur du siège conducteur ce dernier est trop haut, ce qui est encore plus flagrant avec le passager dont le siège ne peut se régler en hauteur. L’inclinaison du toit donne forcément moins de place au niveau de la tête pour les passagers arrières mais reste très accessible même pour les personnes d’1m85 afin d’effectuer un court trajet.

La course de le sang

Installé dans les sièges sports et après avoir appuyé sur le bouton de démarrage greffé du logo GR, le 3 cylindres se réveille. De l’extérieur le bruit n’est pas transcendant, la faute au FAP et autres régulations pour rendre les nouveaux véhicules plus silencieux. On embraye et là on sourit, l’embrayage est dur et son poids très maitrisé, dans un deuxième temps on engage la première, la boite aussi est dur, on sourit encore grâce au verrouillage ferme qui nous indique physiquement que le rapport est enclenché. Dès les premiers tours de roues, la Yaris est à son aise, dans Vaucresson, proche des locaux de Toyota France, les 3,99 mètres de long et les 1,80 mètres de large permettent de se faufiler partout, et pourtant, malgré une certaine aisance en ville le terrain de jeu de la Yaris n’est pas là et cela se sent. La boite et l’embrayage sont durs, pas au point de rendre la compacte nipponne inutilisable mais au point de distinguer qu’il ne s’agit pas d’une version civilisée. La suspension est prévenante et même avec un réglage sportif se veut être confortable. Petit passage obligé par l’autoroute pour rejoindre Fontainebleau et ses petites routes. A 130 km/h la Yaris est stable, et son 6è rapport assez long permet d’envisager de long trajet sans aucun problème. Chiffre qui interpelle, celui de la consommation, même en ayant fait de la ville avec des bouchons et quelques accélérations pour s’insérer il est très difficile de dépasser les 9 l/100km. Un très bon point.

Après avoir emprunté quelques rond points les départementales laissent place a de fabuleuses routes de campagne, petite, étroite, épousant le paysage, le terrain parfait pour la GR Yaris. On sent dès les premiers virages une stabilité étonnante pour une voiture de moins de 4 mètres et pour expliquer cela quelques chiffres vont nous éclairer. Une Porsche 911 type 992, la référence des sportives a une longueur de 4 515mm, la Yaris elle de 3 995 mm, la 911 est donc 50 centimètres plus longue. Mais l’empattement de la Yaris est de 2 560 mm tandis que celui de la Porsche est plus court de 10 cm pour 2 450 mm. Ainsi, la GR Yaris est plus courte mais a un empattement plus long, d’où cette stabilité. Le moteur (nom de code : G16E-GTS) est un 3 cylindres de 1,6 litres avec 262 chevaux développant 380 Nm notamment grâce à une compression de 10.5 : 1 ; le tout s’arrête à 230 km/h (auto-limité) avec un rupteur à 6 500 tr/min. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela est très efficace, le mono-turbo a une petite latence qui le rend très attachant mais la façon dont l’aiguille se jette dans la zone rouge est très impressionnant. Lors d’un départ arrêté vous pouvez garder la main sur le levier et commencer à mettre la 2, tout va trop vite, si vite que le 0 à 100 est expédié, selon Toyota, en 5,5 secondes, selon nous, c’est encore plus rapide. On saute sur les freins à l’attaque ferme et au dosage facile à appréhender, par contre, malgré les 356 mm à l’avant avec 4 pistons et les 297 mm à l’arrière avec 2 pistons cela manque un peu de mordant, obligeant à freiner plus loin qu’on l’aimerait. Un mal pour bien, freiner plus loin laisse plus de temps pour rétrograder, bien faire le mouvement et se retrouver au bon régime en sortie de courbe. Oh oui, la sortie nous allons en parler. Le train avant se révèle incisif à l’entrée en virage, les barres antiroulis encaissent mais les pneus suivent difficilement, ici, la Version Track doit faire la différence avec ses Michelin Pilot Sport 4S et ses plus grosses barres antiroulis afin de corriger les petites irrégularités de la pack Premium (notre modèle d’essai).

Et en sortie de courbe, mettez gaz, ouvrez en grand, la GR Yaris s’extrait du virage avec une force inouïe sans faire patiner une seule roue, même en mode Sport. En effet, les modes de conduites sont importants car ils changent la répartition de la puissance, Normal donne 60% arr./40% av., Sport donne 70% arr./30% av. et Track donne 50% arr./50% av.. Evidemment en mode Track le train avant perd un peu de feeling mais permet réellement de sortir des virages avec une vitesse très élevée, même parfois trop élevée au vu des limitations.

Pour accompagner cela il ne faut pas hésiter à jouer avec le transfert des masses en entrée de virage afin que le train avant épouse littéralement le sol, sans hésiter de charger les trains roulant en rentrant un rapport de plus pour être dans la fenêtre de régime du turbo en sortie. Le comportement de cette compacte est impressionnant, elle se révèle sûr mais en étant excitante, et ce moteur une fois de plus, un chef d’œuvre mécanique qui se marie très bien avec les 1 280 kg de la bête japonaise. Les vocalises dans l’habitacle sont bien aidées par les haut-parleurs avec un bruit caractéristiques, ressemblant étrangement à un fidèle labrador respirant après une petite course, c’est félin et aime ça. Et on aimerait aussi, évidemment, que d’avantage vienne de l’extérieur. Mais alors peut-on améliorer cette GR Yaris et a-t-elle des défauts ? Oui et oui. Ces défauts sont, d’après moi, en partie corrigé avec la Pack Circuit, même si le poids reste assez élevé, les freins pourraient aussi être une belle amélioration, avec une direction au feeling plus naturelle et des jantes plus légères afin de réduire les masses non-suspendues. Mais, même sans cela, la GR Yaris est de loin l’une des voitures les plus intéressantes et attachantes de ces dernières années mais surtout, l’une des plus importantes.

Importante la GR Yaris ? Pourquoi ?

On le sait, l’industrie automobile est en pleine mutation et l’automobile de passion et sportive en pâtit. L’un des segments les plus représentés est celui des « hot-hatch » c’est-à-dire des compactes sportives, et ce dernier est en berne. Renault abandonne ses Mégane et Clio RS, Ford dit au revoir à sa Ford Focus RS et Peugeot ne prévoit pas de GTI dans ses cartons. Et là, en 2020, Toyota nous présente cette voiture, comme une lueur d’espoir mais surtout envoie un signal fort aux autres marques. Alors que les constructeurs traditionnels se mettent à l’hybride et à l’électrique, Toyota le fait déjà depuis 20 ans et peut donc se permettre de sortir des voitures comme la GR Yaris, à la manière de cet ami qui faisait tout ses devoirs en avance et qui pouvait jouer quand vous, vous deviez travailler. Alors que tous les constructeurs commencent à prendre le virage de l’hybridation et de l’électrification, Toyota en est déjà sorti et est même au prochain virage, celui (peut-être) de l’hydrogène.

Notes, mentions et conclusion :

Score : 80,5/100

Extérieur – 17/20

Intérieur – 14/20

Moteur – 17/20

Dynamisme & Sensations – 17,5/20

Confort & Praticité – 15/20

La GR Yaris n’a de Yaris que le nom, le reste est une formidable machine a sensation pour un prix dérisoire. Nous attendons seulement d’essayer la version Track pour comprendre si nous sommes vraiment tombé sous le charme.

Un grand merci à Toyota France, en particulier à Pauline !

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