Et Stuttgart mit cap vers l’avenir.
Porsche, le bruit des 6 cylindres résonnent encore dans la ligne droite des stands des 24h du Mans, une silhouette, la 911, qui sillone depuis bientôt 60 ans les mégalopoles, un héritage sportif comme nul autre marque ne porte. Imaginez-vous l’exercice de faire une voiture électrique lorsque le moteur à explosion fut votre plus grand atout et votre coeur de métier pendant 70 ans. Pourtant l’électrification chez Porsche ne date pas d’hier. Il y a plus d’une décennie, déjà, que le constructeur de Stuttgart présenta la première super-sportive hybride, et je me souviens, du haut de mes 14 ans voire dans le film promotionnel, Ferdinand Porsche au volant d’un véhicule électrique en 1900, la Lohner-Porsche Electromobile (image ci-dessous). Il y avait donc, à Stuttgart, une vive volonté de faire une berline électrique, qui, dans un premier temps s’est incarnée avec le concept-car Mission-e, puis bientôt avec la version de série ; Le Taycan.
La Porsche la plus importante de la décennie.
Dogme de l’innovation.
Ainsi, pour goutter à l’électrique “made in Stuttgart”, nous avons le droit à une monture de choix, le Taycan 4S, peut-être le modèle le plus intéressant de la gamme, avec en option la Batterie Performance Plus développant 93,4kW/h avec 570 chevaux et 650Nm, idéale pour abatre le 0 à 100 en moins de 4 secondes tout en parcourant 350 kilomètres, selon nos estimations. Malheuresement pour nous, nous sommes lundi 9 heure du matin à Levallois-Perret, en banlieu de Paris pour prendre en main ce Taycan et nous devons rendre le véhicule le lendemain, même heure. Réaliser un essai sur 24 heures est toujours une tâche compliquée, alors pour tirer l’essence (ou l’électricité) de ce Taycan, nous avons planifié un parcours urbain, autoroutier et puis parsemé de routes secondaires afin de découvrir le Taycan, la Porsche la plus importante de la décennie.
On ne sent ici pas un coup d’essai de la part du constructeur de Stuttgart, mais un plongeon parfaitement maîtrisé dans la cour des véhicules électriques.
La prise en main de la berline allemande n’est pas chose aisé. C’est une voiture longue (4,96 mètres), mais surtout l’une des plus large sur la route (1,96 mètres) et avec sa ligne de toit coupé et sa hauteur contenu (1,37 mètres), le Taycan ne cache pas son esprit sportif. A l’instar de sa soeur l’Audi e-tron GT, Porsche adopte ici un dessin simple, des feux avec 4 diodes en rectangle entourés par une prise d’air à la verticale, rabaissant le dessin et accentuant l’esprit sportif. Le profil gonflé reste très lisse avec des lignes fluides et des poignées affleurantes. La poupe est un modèle de simplicité, des feux encastrés, une ligne de feux et un diffuseur en partie basse. Rajoutez à cela, les logos et la plaque d’immatriculation et vous voilà derrière un Taycan. Le design est une réussite, et on peut facilement voir le Taycan encore au catalogue de Porsche dans une décennie sans trop de changements. De surcroît, le constructeur de Stuttgart semble vouloir alliéner sa gamme, notamment le 718, avec ce langage de design, donnant d’avantage de crédibilité à cette berline. Pour autant, le choix d’une berline est intéressant et semble de ne pas convenir aux tendances de marché actuelles, vivement tournées vers le SUV. Plusieurs justifications peuvent-être avancées pour ce choix, dans un premier temps la cible Model S, où Porsche veut se faire une place aux côtés de la berline américaine. Il y a aussi le partage des plateformes au sein du groupe Volkswagen, nottamment avec Audi. Aujourd’hui, le Taycan partage sa plateforme avec l’etron-GT et Audi avait déjà un SUV électrique dans sa gamme. Ainsi, le choix financièrement le plus rentable etait de développer une plateforme qui pourra ruisseler parmi les marques du groupe VAG, comme c’est déjà le cas avec Audi. Nous notterons aussi, que la gamme Porsche propose deux SUV, le Cayenne et la Macan, deux sportives, la 718 et la 911 mais une seule berline (la Panamera ndlr.), une des raisons possibles qui a fait pencher la balance en faveur d’une berline. Et puis, il y a l’esprit. Porsche et le sport automobile sont intimement liés et l’esprit Porsche était plus facile à retranscrire et développer avec une berline, plustôt qu’un SUV.
Si le style extérieur vous enchante, au volant c’est l’intérieur qui prime, et là, une fois de plus, Porsche réalise un sans faute. De la qualité des matériaux à l’assemblage et passant par la position de conduite et par le système d’info-divertissement, tout est de premier ordre. Evidemment, consubstantiellement aux années 2020, l’instrumentation est entièrement numérique et configurable, représentant l’un des quatre écrans. Un vient habiller la planche de bord du passager, un autre rassemble le PCM (Porsche Communication Management) et le dernier sert à contrôler la climatisation et d’autres fonctions. Comme brièvement exposé dans les lignes précédentes, la position de conduite est parfaite et le siège se révèle un équilibre ingénieux entre sport et confort. Malheureusement les places arrières (2 places plus le strapontin du milieu), ne bénéficient pas du même traitement. La ligne coupé que l’on adorait de l’extérieur est ici un handicape pour l’espace à la tête et toucher le pavillon sera la règle pour les personnes de plus d’1,80 mètres. L’espace aux jambes se révèle étroit pour une personne de grande taille mais ravira les enfants, qui devront voyager léger car le coffre accueille 400 litres de chargement.
Voyez-vous, l’ADN de Porsche est présent partout dans cette voiture.
Derrière le volant, 70 ans d’héritage.
Au volant, les deux arches façon 911 dominent le capot et viennent délimiter la largeur du Taycan. Anecdotique me diriez vous ? Pas vraiment, avoir des points de repère comme ceux-là permettent de naviguer plus aisément aux travers des nombreuses menaces urbaines que représentent les scooters, les vélos ou les trotinettes. Première surprise lors de mon premier trajet, me menant du parc presse de Porsche, à Levallois à chez moi, en-dessous de la Port d’Orléans, le GPS est malin. Il n’hésita à me faire sortir du périphérique pour prendre des axes intérieures à Paris afin d’esquiver le traffic. Arrivé chez moi, la deuxième surprise est l’autonomie, qui descendit exactement à la même cadence que les kilomètres roulés, c’est assez rare pour le notifier. Puis on charge, les manteaux, le sac de l’appareil photo, que l’on loge dans le coffre avant et on programme le GPS pour Epernay. Une fois sorti de la grisaille parisienne les voies de la A4, avec ses vallonnements distinctifs s’ouvrent à nous. On n’hésite pas et on sélectionne le mode “Range” permettant de réduire au maximum notre consommation, en faisant ainsi, la climatisation se règle sur “Eco”, l’écran passager s’éteint, l’accélérateur devient plus linéaire et le régulateur fonctionne conjointement avec le mode “roues libres” (très impressionnant au passage), permettant de faire glisser la voiture au maximum. A l’inverse du mode “récupération” permettant de récupérer une faible portion d’énergie lors de la levé de pied, le mode “roues libres” (qui n’a pas d’appellation officielle) suit le dogme de “la meilleure énergie c’est celle que l’on ne consomme pas”, et c’est un confort très appréciable.
On peut facilement voir le Taycan encore au catalogue de Porsche dans une décennie sans trop de changements.
Dans l’habitacle, l’ambiance est tendue, notamment au sujet de l’autonomie. On le sait, les véhicules électriques redoutent les voies rapides se soldant, généralement, par une autonomie qui baisse très rapidement. Pourtant ici, rien de cela, le Taycan affiche toujours une autonomie constante avec les kilomètres parcourus. Après cela c’est le silence à bord, tous les bruits d’air sont contenus, les bruits de roulements inexistants.
On quitte alors l’autoroute pour s’enfoncer sur les petites routes nous reliant à Epernay où le Taycan 4S est à son aise. Notre modèle d’essai, avec sa batterie Performance Plus, développe 570 chevaux et 650Nm de couple, permettant à la berline allemande de s’extraire des virages avec une force inouï, pour autant la transmission intégrale sécurise la remise des gazs, on sent l’avant tirer et le train arrière enrouler, c’est très plaisant. Le centre de gravité placé très bas permet de suivre un rythme très soutenu avec un roulis quasi inexistant, conjointement avec une direction qui remonte de nombreuses informations. Malgré notre rythme élevé sur ces petites routes et l’arsenal de moyen mis en place pour camoufler l’embonpoint du Taycan, les 2,2 tonnes se ressentent, notamment lors des mises en appuis où l’on sent une envie de s’écarter de la trajectoire. Mais ceci est du détail, voir et sentir une voiture de plus de deux tonnes se déplacer aussi vite sur la route est une vraie prouesse.
Les esprits qui errent à Stuttgart ont décidé de poursuivre leur héritage, avec une vraie volonté, celle de faire une Porsche électrique, et c’est réussi.
Après s’être amusé, il faut recharger. En utilisant le très bon système Porsche qui répetorie les chargeurs à proximité, on en choisit un de 22Kw/h, malheureusement ce premier ne fonctionne pas. Alors on se rabat sur notre plan B, toujours avoir un plan B quand il s’agit de recharge, qui, cette fois fonctionne. Une heure après, la borne de 8Kw/h ne fit pas grand effet, il nous faudra forcément passer par un chargeur bien plus rapide lors de notre retour vers Paris. Par chance, notre boucle passe par Gueux, devant le circuit de Reims-Gueux, à côté d’une borne de recharge IONITY. On met alors les voiles vers l’ancien circuit pour prendre quelques photos, où, sur les petites routes, le Taycan se comporte toujours sainement, comme une Porsche. On ne s’y fait définitivement pas à cette accélération si vive et si puissante. L’insertion sur l’autoroute est une formalité ou une piste de décollage c’est à vous de choisir. Malheuresement, à peine émergé sur la A4 il faut sortir à cette aire d’autoroute, nous passons, amusés, par la station essence vers les chargeurs IONITY, on branche le Taycan et là, révélation ! La charge monte à 140kw/h et le tableau de bord de la berline allemande n’en finit plus d’ajouter des kilomètres, c’est très plaisant à regarder. Alors pour passer le temps nous visitons l’aire d’autoroute, qui sans surprise n’est pas très intéressante et après un café au goût suspect nous nous asseyons pour conclure sur ce Taycan.
Est-ce une vraie Porsche ? Un bon véhicule électrique ? Est-ce une berline plaisante ? L’acheter est-ce une bonne idée ? Premièrement, oui c’est une vraie Porsche, et sur cela il n’y a pas de doute possible. Tant sur les performances que sur la qualité des matériaux, l’autorité du constructeur allemande est visible partout. Chaque chose que vous touchez a du poids, est bien ajusté, même les boutons pour les vitres sont très qualitatifs. Pour autant, Porsche a fait des choix très clivants avec cette voiture, le coffre n’est pas très grand et la place à l’arrière, tant aux jambes qu’à la tête ne sera pas adéquate pour une personne de plus d’1,80 mètres. De surcroît, avec 5 mètres en longueur, le packaging n’est surement pas son point fort. Puis il y a le prix, 155 000 euros pour notre véhicule d’essai semble déraisonné, pourtant aujourd’hui aucune voiture électrique n’est comme le Taycan. Car, voyez-vous, l’ADN de Porsche est présente partout dans cette voiture, des premiers tours de roues, au freinage à l’attaque ferme et direct, de la clef à gauche à la suspension parfaitement maîtrisée. On ne sent ici pas un coup d’essai de la part du constructeur de Stuttgart, mais un plongeon parfaitement maîtrisé dans la cour des véhicules électriques. Et, à la manière dont la première Porsche n’était aussi pas focalisée sur l’autonomie et la consommation, cette Taycan ne l’est pas non plus. Car, oui, nous parlons d’une Porsche, et nous sommes extrêmement heureux d’apprendre que les esprits qui errent à Stuttgart aient décidé de poursuivre leur héritage, avec une vraie volonté, celle de faire une Porsche électrique, et c’est réussi.
Notes, mentions et conclusion :
Score : 78/100
Extérieur – 17/20
Intérieur – 17/20
Moteur – 15/20
Dynamisme & Sensations – 15/20
Confort & Praticité – 14/20
Le Taycan est une fenêtre vers l’avenir de l’automobile, selon Porsche. En restant fidèle à son héritage, le constructeur de Stuttgart nous livre le véhicule électrique le plus chargé en émotions.
Un grand merci à Porsche France, en particulier à Fayçal et Faustine !