Passionnante, éblouissante, féérique.
Les machines de Stuttgart ont toujours eu réputation d’avoir une âme, quelque chose à part, inexplicable en somme. Et ce, malgré qu’aujourd’hui, la marque fondée par Ferdinand Porsche il y a plus de 60 ans fasse désormais partie du tableau contemporain des mégapoles. En effet, la 911 et sa silhouette élancée dite “fastback”, est une pièce de design bien connue des quartiers ouest de la capitale. Et pourtant, depuis presque 60 ans, la sportive par excellence continue d’égayer les esprits et de réchauffer les cœurs.
Mais dans la famille 911 certaines des sœurs font bande à part, les turbulentes du groupe, celles qui intimident, celle dont on se souviendra, et ces dernières commencent par les initiales GT et sont suivies d’un “3” et même d’un “RS” pour les plus tumultueuses. Les plus téméraires sont nommées “GT2 RS” et sont très subtilement désignées comme les “widow maker*” dans la langue de Shakespeare. Ces GT3 et GT3 RS sont, pour bien des passionnés et journalistes, les machines roulantes les plus excitantes du monde.
En juin dernier, j’eu l’opportunité de prendre le volant de l’une d’entre elles, récit d’une expérience bluffante.
La rencontre
Elle était là, posée sur ses quatre roues, dès le premier coup d’œil la GT3 est plus intimidante que ses sœurs Carrera. Elle est plus large qu’une Carrera “classique” et plus basse de 2,5 centimètres. L’arrière, orné par un aileron imposant laisse présager les racines de la course. En effet, cette dernière génération de GT3 est encore plus près du circuit et plus loin de la route qu’auparavant, mais nous y reviendront plus tard. Cette “mise à jour” de la GT3 fait passer son moteur de 3.8 litres à 4 litres (3 996 centimètres cubes) et voit désormais passer sa puissance à 500 chevaux. Il partage désormais la plupart de ses composants avec sa sœur la GT3 Cup. Sur la balance cette dernière accuse 1 413 kilos (comptez 17 kilos en plus avec la boîte auto). Lors de la version précédente, Porsche ne proposait la GT3 seulement avec la boîte automatique PDK, l’une des meilleures au monde. Mais les puristes et amateurs de pilotages n’étaient pas du même avis, non sur le fait que la PDK soit sûrement la meilleure boîte de vitesse du monde mais plus sur le fait que la GT3 n’était alors plus disponible avec la boîte manuelle. Weissach (la ville où sont développées et assemblées les GT3) écouta et l’histoire retiendra que c’est cette génération de GT3 qui réintroduira la boîte manuelle. Depuis la 996 la GT3 fascine les générations et se présente en reine des circuits, confirmée par un chrono stupéfiant sur la boucle nord du Nürburgring de 7 minutes et 12,7 secondes, soit plus de 12 secondes plus vite quand la précédente génération.
Le premier contact est typiquement Porsche, la poignée monte vers le haut et accompagne cette rondeur de la porte, laissant entrouvert un intérieur à l’odeur inimitable. Même non assis dans l’habitacle vous sentez cette odeur, typiquement 911, typiquement Porsche.
Mais en s’asseyant dans ce cockpit plaqué d’alcantara et de cuir noir je me rends compte que les sièges équipant cette GT3 sont les sièges “Touring”, bien que leur dénomination devrait faire la part belle au tourisme ils maintiennent très bien mais ne seraient, pour autant, pas désagréables pour effectuer un long trajet autoroutier. En termes de qualité perçue, l’intérieur de cette GT3 (et des Porsche en général) est bien au-dessus des standards imposés par le groupe VAG. Tout est très bien assemblé, aucun bouton ne tremble et l’ergonomie permet de retrouver (ou de trouver) ses marques très rapidement. Le volant de 36 centimètres de diamètre, recouvert d’alcantara est issu de la fabuleuse 918 Spyder. Bref, assez parlé…
…contact !
Le démarreur retentit et le garage se transforme en concert d’une philharmonie germanique, les 6 cylindres positionnés à plat produisent un son caractéristique, que seules les 911 savent produire. L’un des employés du garage m’élance “mettez-vous dehors, je vais la sortir”. La GT3 sort de sa tanière, resplendissante montée sur ces jantes de 20 pouces mono-écroue peintes en argent, donnant une certaine élégance à cette voiture qui donne l’impression de s’être échappée d’un circuit.
Bon allez, on souffle et on monte !
La vie à 9.000 tours/minutes !
On monte, on s’attache et on passe le sélecteur PDK (Porsche Doppelkupplung ; Porsche Double Embrayage) en “D” puis on glisse très vite le levier sur gauche pour atteindre le “M” qui signifie que les passages sont désormais manuels et que l’on doit les opérer via les palettes placées derrière le volant.
La GT3 se met alors à se mouvoir avec une docilité assez surprenante compte tenu des caractéristiques techniques de cette voiture. On remarque de suite que la direction, désormais électrique, fait un travail remarquable. Cette dernière est précise, directe, on pourrait sentir n’importe quel cailloux sous les pneus avant. Le train avant vous invite au voyage à grande vitesse tant il semble connecté à vos sens.
La GT3 embarque plus que jamais l’âme Porsche et fait des émotions de conduite son talisman.
Alors on commence à accélérer et à faire confiance aux ingénieurs de Stuttgart, puis mon passager d’un œil avisé regarde autour de nous si la présence d’une quelconque patrouille de la maréchaussée du huitième arrondissement de Paris pourrait venir découdre nos plans. Je vis son “Go !” comme une libération, et enfonce la pédale de droite… 3 000, tours le moteur commence à se dégourdir, 4 500 il commence à s’étirer et son son devient de plus en plus présent, à 6 000 c’est un autre monde qui s’ouvre, les 500 chevaux sont bientôt tous disponibles et ne demandent qu’à courir, et ils font bien, car le rupteur est perché à 9 000 ! Le son rauque et grave des bas régimes est peu à peu remplacé par un son plus aigu. De 7 500 à 8 500 votre conscience ne suit plus, le bruit est trop présent, le moteur rageur grimpe encore, les voitures qui m’entourent se passent de plus en plus vite et les vibrations rendent cette expérience unique, elles sont partout, dans le volant et remonte jusqu’à votre cerveau, dans vos fesses remontant vers votre poitrine. Mais entre 8 500 et 9 000 c’est une nouvelle dimension automobile qui s’ouvre à moi. Le moteur rage métalliquement, vous transperce les tympans et les vibrations ont désormais gagné tout votre corps. J’arrive très vite sur les voitures devant, je décide de lever le pied mais l’A3 et les deux Clio devant moi s’écartent aussi tôt, je décide de réenfoncer la pédale d’accélérateur à son maximum, cette fois-ci le moteur déjà lancé à plus de 7 000 tours se montre violent, grimpe jusqu’à 9 000, la boîte PDK expédie la seconde en un temps record ; puis on décide de ralentir car les vitesses atteintes juste avant pourraient nous faire comparaître devant un juge. Pendant tout l’essai, la GT3 se montre vivace et efficace, bien emmenée par ses roues arrières directrices tournant de le sens inverse des roues avant en dessous de 50 km/h et dans le sens opposé des roues avant au-dessus de 50. Le châssis est rigide mais n’en demeure pas inconfortable. La voiture, malgré un moteur en porte-à-faux arrière (placé derrière l’essieu arrière, comme un sac à dos) reste très bien équilibrée et ne vous prendra jamais en traître. C’est avec étonnement que je vois évoluer la GT3 dans sa robe noire dans les rues étroites du 16ème arrondissement devenant l’attraction des 2 roues à chaque feu rouge, où les petits enfants s’écrient à sa vue.
Cet essai confirme mes attentes et me permet d’attester la véracité des dires des journalistes sur cette voiture. Le caractère, la vivacité, le bruit, la précision font de cette GT3 une pièce très importante de l’industrie automobile. Après cela, une seule envie apparaît, celle d’essayer la GT3 RS.
Porsche nous confirme, une fois de plus, que l’idylle amoureuse qui règne entre les passionnés d’automobile et la GT3 perdurera au moins jusqu’à la prochaine génération.
Note, mention et conclusion :
Note : 80,5/100
Extérieur – 17/20
Intérieur – 16/20
Moteur – 19,5/20
Dynamisme & Sensations – 19/20
Confort & Praticité – 09/20
La GT3 ne déçoit en rien et confirme sa position offrant un package moteur/boite/chassis d’un niveau rarement atteint.
911 GT3: Fuel consumption combined 12.9–12.7 l/100 km; CO2 emissions 288–290 g/km.
Remerciement à Le Cercle Automobile pour leur confiance.
11/13 Avenue de Friedland, 75008, Paris
Article super sympa, il faudrait faire des vidéos sur youtube