Bentley Continental GTC S

Volupté.

Tout autant que Claridge à Londres, la Continental est une institution de la société anglaise. Le coupé de Bentley, qui après plusieurs décennies de loyaux services tira sa révérence (entre 1952 et 1965 puis de 1984 à 2002) pour revenir sous sa forme actuelle en 2003, est devenu incontournable dans le fabuleux monde des coupés. 

Sous l’impulsion de Volkswagen, qui racheta la marque a la fin des années 90, la Continental fut pensée comme une voiture du XXI siècle, elle fut aussi le porte-étendard du groupe avec son W12, un moteur qui disparaîtra très bientôt. On y reviendra. 

Le plus intéressant avec la Continental est sa capacité à s’adapter à son époque. Elle est devenue plus sportive au grès des années, notamment avec l’introduction d’un V8, plus technologiques, en renforçant ses liens avec Audi, encore plus raffinée, cette fois en puisant allègrement dans le passé de sa propre marque. Aujourd’hui acheter une Continental (ou même n’importe quelle autre Bentley) semble un choix presque raisonnable, il n’y a presque plus rien d’alien, plus la peur qu’elle tombe en panne, elle est même efficiente. Ne serait-elle pas devenue un peu trop Audi justement ? Et notre version “S” est-elle sportive ? En bref, que vaut le coupé luxueux le plus connu et le plus convoité du monde. 

Écrin 

Certain essai commence loin en Ile-de-France, besoin de place, les parcs presses sont peu en petite couronne, celui de Renault à Boulogne est une bénédiction et celui du groupe VAG dans le XVe arrondissement une adoration. Ici c’est encore mieux, le rendez-vous est donné à quelques mètres de la rue Georges V, un point de départ très appréciable je dois le concéder. Nous découvrons notre modèle d’essai, une version GTC S, un cabriolet avec le V8 en somme. Sa robe est rouge St James, pas tellement Bentley aux premiers abords, mais la qualité et la profondeur de cette dernière est typiquement Bentley. Les jantes noires sont spécifiques et les énormes freins à 6 pistons en carbone-céramique sont accompagnés d’étriers rouges. La Continental conserve son style si intemporel, celui qui rend même les premières versions, qui aujourd’hui ont 20 ans, toujours aussi élégantes. Les lignes sont simples, notamment avec les optiques, à l’image d’une 911 ou d’une A110. D’autres éléments, dont il faut être clairement passionné par l’automobile pour les remarquer sautent aux yeux, évidemment je parle des ces pliures dans l’aluminium donnant du caractère au dessin ou comme ces optiques qui reçoivent un traitement profond comme un verre à whisky . La Continental est belle aujourd’hui, mais le sera encore dans 20 ans. 

L’intérieur est a minima au niveau de l’extérieur. Le cuir gris nommé ‘Porpoise’ habille tous les éléments possibles et imaginables et se compose de détails faits de coutures et d’aluminium. Il y a évidemment l’écran d’info-divertissement qui tourne afin de faire passer ce dernier entre panneau en bois, à 3 compteurs, à l’écran que vous aurez le plus souvent sous les yeux. Il y a beaucoup de détails qui rappellent la filiation avec Audi, notamment sur le combiné d’instrumentation. Pour autant les sièges et l’architecture générale sont bel et bien Bentley. Évidemment il y a la finition et le confort comme ses buses de ventilations cannelés, le point d’ancrage des ceintures en cuir… Alors une fois installé et avoir fermé la porte je suis surpris par l’insonorisation qui me rappelle celui d’une Classe S. C’est à noter, surtout sur une version cabriolet où les bruits environnants sont souvent plus présents que dans un coupé. 

Contact, et le V8 émet un grondement presque inhabituel pour une Bentley. Il semble loin le doux et rond son du W12 qui embêtait à peine les voisins. Avec notre version V8 “S” on se sent presque dans un port, à côté d’un hors-bord. Par cette belle journée d’octobre on se décide à décapoter, afin de profiter des derniers rayons de soleil de l’année. Alors on emprunte les quais afin de sortir de Paris et d’avoir les bâtiments haussmanniens dans nos rétros avec devant nous de belles routes. Nous voilà à présent sur la N10 et la Bentley semble toujours autant à son aise. 

Le luxe de la polyvalence 

Mais évidemment je ne me suis pas téléporté de la concession de Bentley à Paris à la N10 d’un coup. Il eut avant plusieurs minutes à rouler au pas que j’appréhendais avant de prendre en main cette Bentley. En effet les dimensions ne font pas penser à une compacte, avec 4,85 mètres en longueur et 1,97 mètres en largeur la GTC ne fait pas dans la dentelle. Cette peur s’en alla vite grâce à la position de conduite assez haute permettant de bien cerner son environnement et les nombreuses caméras offrant une vision périphérique. De plus, et comme mentionné plutôt, il n’y a rien d’alien dans cette Continental. Tout semble être là où il se doit permettant une utilisation et une prise en main facile et rapide. L’insertion sur le periph’, avec les 550 chevaux et 680 Nm de couple est une formalité, il est même drôle de voir ce moteur, allègrement utilisé dans les modèles RS de chez Audi, ici marié à une boîte double embrayage (généralement associée à une boîte à convertisseur de couple chez la marque aux anneaux), elle paraît en conséquence, plus réactive. Mais si l’insertion se fait bien et rapidement, que l’on se retrouve vite aux 70km/h réglementaires et la boite monte sur le 8e rapport en faisant tomber sa consommation bien en-dessous des 10 litres au 100. Une fois de plus, la Bentley semble très conventionnelle même si le luxe de son intérieur ne se fait pas oublier. 

Alors nous voici de nouveau sur la N10 où la présence d’une Bentley, à en juger avec le nombre de pouces levés, amuse les autres automobilistes. Bon, pour être totalement honnête et transparent, je savais que cette GTC serait une voiture idéale sur voies rapides. Entre le cuir, les mousses acoustiques et le poids de 2,4 tonnes ce n’est pas une surprise que cette dernière soit à son aise à 130km/h.

La vraie question réside lorsque l’autoroute disparaît pour laisser apparaître des petites routes. Cette GTC S rendra-t-elle hommage à son blason ‘S’ ? Pour le savoir rien de mieux que mettre les voiles vers Dampierre, à quelques encablures de Paris. On tourne la molette de la console centrale sur ‘S’ et on commence à gagner en rythme. De suite, la Continental change radicalement, la suspension devient plus ferme sans être inconfortable, la réponse à l’accélérateur est plus franche, la direction plus directe mais surtout l’échappement se libère et émet un son peu Bentley mais très satisfaisant. Dès le premier virage on sent la masse, qui, malgré les efforts misent en place, reste handicapante en entrée. Au point de corde la direction se révèle progressive et assez précise ; En sortie on ouvre en grand et la transmission intégrale s’occupe de délivrer les 550 chevaux sur la route. Le tout est très efficace. Je pensais que le freinage serait le point faible de part la masse à arrêter et le moteur à l’avant mais les disques de 41 centimètres, partagés avec la Bugatti Chiron, arrêtent la Continental aussi vite qu’elle accélère. Pour autant la pédale reste trop assistée pour bien doser mais est un vrai régal lors d’une utilisation normale. Sur cette version GTC ‘S’ plusieurs choses ont été modifiés afin de mieux coller à la définition sportive d’une Continental.

Là où la Continental impressionne c’est sur le niveau de polyvalence proposé par Bentley. Elle est à son aise en ville, sur autoroute, sur petites routes ne reniant jamais son confort et son esprit Bentley. Evidemment, elle reste moins dynamique que ses paires britanniques, à savoir les Aston Martin, mais elle présente un juste milieu intéressant entre le confort et le sport. 

Notes, mentions et conclusion :

Score : 85/100

Extérieur – 18/20

Intérieur – 19/20

Moteur – 16/20

Dynamisme & Sensations – 14/20

Confort & Praticité – 18/20

En infusant un peu d’Audi dans sa Continental, Bentley donne naissance à l’un des véhicules les plus polyvalents de la production et peut-être le plus polyvalent de sa catégorie. Rien n’arrête la GTC, ni la météo, ni le terrain, ni les longs trajets. On la pensait peut-être rivale de la DBS mais à son volant elle semble plus une rivale de la RS6, et comme compliment, il n’y a pas plus beau.

Merci à Bentley et en particulier à Valentina et Solène.

Photos : ©Bentley Newsroom ; ©Haute Automobile

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