La révolution de la mobilité urbaine, signée Motorrad.
Il y a 99 ans, la R 32, première moto de BMW, naissait d’une obligation donnée, en partie, par la France. Quelques années auparavant, en 1919 dans la Galerie des Glaces du Palais de Versailles, plusieurs pays, dont l’hexagone, signèrent un traité éponyme énumérant les sanctions contre l’Allemagne, à l’époque perdante de la Grande Guerre. BMW, motoriste d’avion en Bavière pour l’armée Allemande, fut contraint de diversifier son activité pour survivre, en développant des moteurs pour les motos, des équipements agricoles ou des appareils domestiques. Quatre ans plus tard, le premier projet développé pour la route fut une moto, la R 32.
Après les années 80 et l’omnipotent “Tout Voiture”, l’exclusion des véhicules motorisés dans les villes, engagée depuis les années 2000 a poussé BMW, une fois de plus, à s’accoutumer. S’adapter c’est dans l’ADN, même dans l’histoire, de BMW et sa branche Motorrad.
Le CE 04 n’est pas le premier scooter électrique du constructeur Bavarois, il surfe même sur un succès, celui du C Évolution, incarnant le premier produit abouti sur ce segment. Si la France fut décisive pour l’avenir de BMW dans les années 20, elle le fut aussi pour l’avenir du C-Evolution battant de loin toutes les estimations de ventes, puisque presque 900 unités se vendaient par an chez nous. Cela peut vous sembler peu mais représente 56% du marché mondial. Ce n’est donc pas un coup d’essai pour le collectif d’Outre-Rhin mais un plan soigneusement élaboré depuis plusieurs années. Un plan qui commença sur les bords d’un lac en Italie.
Après son succès, c’est aujourd’hui, une nouvelle fois un scooter électrique qui incarne la révolution de la mobilité urbaine : le nouveau BMW CE 04.
Nouvelle ère.
En 2017, sur les rives du Lac de Côme en Italie, lors du concours annuel de la Villa d’Este, BMW présenta un concept, le “Concept Link”. – “Link” pour connectivité, comme un accès internet afin de planifier une route, des playlists musicales en fonction de vos gouts… En 2020, lors de l’événement “Next/Gen” de BMW le “Definition Concept” fut présenté, une version plus aboutie du “Concept Link”, très proche du modèle de série et très proche du concept. En juillet 2021, le voile se lèvera sur la version de série, baptisée CE 04 : 04 pour la capacité de motorisation où ce scooter fera ses armes, les 400cm3. Ce nouveau style avant-gardiste est expressif et affirmé. La prise de risque est totale, c’est du jamais-vu, le scooter sort tout droit d’un film de science-fiction.
Notre modèle d’essai est équipé du “Style Avant-garde” – gris et orange, du plus bel effet. Je suis immédiatement surpris par sa différence avec le C-Evolution. Tout d’abord, du fait de sa forme beaucoup plus allongée mais aussi par sa carrosserie plus fine et parfois même inexistante; notamment à l’arrière, à partir du monobras oscillant et de la fin de la selle. Cette caractéristique le rend encore plus long à l’œil nu et c’est définitivement la chose qui surprend au premier abord. Mais BMW ne s’arrête pas là, et ce nouveau CE 04 apporte un sentiment de légèreté, avec sa roue arrière pleine et dénudée d’éléments mécaniques, cette selle en lévitation et l’absence de carénage.
Sur la route, le CE04 ne passe pas inaperçu. Les plus jeunes sont en pleine admiration tandis que les plus âgés se questionnent. Les séances de recharge se transforment très vite en interrogatoire. Alors préparez votre argumentaire et vos fiches car vous ferez souvent le commercial BMW Motorrad. Globalement, vivre avec ce scooter vous évitera à coup sûr une crise existentielle, c’est un véritable succès tant j’ai répondu à des dizaines de questions. Fait surprenant, mais j’eus autant de commentaires de la part de la gent féminine que masculine, tantôt des enfants, tantôt des personnes âgées, ce CE 04 à un aspect transgénérationnel et transgenre tant il représente une rupture en termes de style. J’ai même eu la chance d’en parler avec Yann Arthus-Bertrand, devant l’entrée de sa fondation GoodPlanet, il était très curieux et interrogatif sur les biens faits et les avantages de cette solution urbaine. Une belle rencontre !
Compagnon de tous les jours.
Les premiers tours de roues sont agréables, je comprends très rapidement comment bien optimiser mon autonomie grâce au frein régénératif qui va jusqu’à l’arrêt complet, lorsque bien maitrisé. C’est assez rare pour le souligner. La position de conduite est peu confortable avec la selle standard, nous vous conseillons fortement l’option avec dosseret. Je me sens très regardé à chaque feu rouge, ce véhicule ne laisse pas indifférent. L’écran de 10,75 pouces est parfaitement intégré. C’est une révolution sur un deux roues. En y connectant un smartphone, vous avez accès au GPS avec carte interactive, votre téléphone et même votre musique (sous réserve d’avoir l’équipement audio). Tout est très intuitif, fonctionnel et agréable à manipuler et cela fait la différence lors des escapades urbaines. Et à 16 heures dans un Paris étouffé par la chaleur du mois de mai, sentir le vent se poser sur mon visage alors que je remonte le XV arrondissement est très agréable. Je n’envie que très peu les personnes serrées dans la Ligne 6 du Métro ou ces automobilistes inexorablement coincés dans le traffic. Un simple coup d’oeil pour vérifier mon autonomie de temps à autres. En quelques manipulations, je trouve facilement une borne de recharge directement depuis le système embarqué.
Je suis aussi surpris par un confort de suspension littéralement hors-normes, je ne sens rien à des endroits où je devrais être normalement très malmené, ce qui est très agréable dans nos grandes villes d’Europe de l’Ouest, où les couches de béton laissent souvent place aux pavés logés en-dessous. Ce confort est couplé avec 4 modes de conduites : ECO, RAIN, ROAD et DYNAMIC. Ils vous permettront d’adapter votre conduite en fonction de vos envies et de la situation, en alternant la sensibilité de la poignée d’accélération et la récupération d’énergie. De mon côté, j’ai utilisé en permanence le mode ECO pour préserver et maximiser mon autonomie. C’est véritablement avec ce mode-ci que vous bénéficierez de l’autonomie maximum annoncée. J’ai à ma disposition une puissance et un couple maximal de manière instantanée, mes meilleurs alliés au feu rouge pour m’extirper de certaines situations délicates sans avoir à dépasser les limites de vitesses. Je ne compte plus les maxis-scooter qui sont restés derrière…
0 à 50km/h en 2,5 secondes.
Parlons technique.
J’ai eu la chance de tester les deux modèles disponibles. Le 125cc qui est doté d’une puissance de 23 kW (soit 20cv) allant jusqu’à 100km d’autonomie et le modèle permis A2 doté lui d’une puissance de 31 kW (soit 42cv) allant jusqu’à 130km d’autonomie. La capacité de la batterie est de 8.9 kWh pour l’A2 et 6,2kWh pour le 125. La différence de puissance n’est pas saisissante, en revanche les 30km d’écart d’autonomie sont précieux et laissent même de la marge pour vos déplacements imprévus. Pour information, les deux modèles sont proposés au même prix. BMW a toujours donné des chiffres adéquats à la réalité concernant ses véhicules électriques, que ce soit sur le C-Evolution et même sur la citadine i3. J’ai donc pu le vérifier, même en adoptant une conduite dynamique et y incorporant le freinage régénératif, le CE04 tient ses promesses. Même avec sa batterie et son moteur de conception récente la consommation reste cependant élevée, que cela soit sur le modèle 23kW ou 31kW, avec une moyenne de 8kWh/100.
Globalement, la maniabilité du scooter est excellente, on se faufile facilement, le centre de gravité est très bas dû au placement des batteries, on ne sent pas du tout les 231 kilos. A l’arrêt ou à très faible vitesse, l’empattement est très long ; on est aidé d’une marche arrière bien intégrée qui devient indispensable pour l’usage quotidien du véhicule. Le placement des batteries au niveau du plancher permet un centre de gravité plus bas que sur un scooter à combustion classique. Cette contrainte technique apporte une excellente maniabilité et la sensation de pivoter sur l’axe des roues en est renforcée – comme le mat d’un bateau se balançant depuis l’axe de la coque. Mais attention tout de même, le CE 04 n’est pas un poids plume, même s’il arrive bien à cacher ses 231 kilos, il est gêné par un empattement de 1,68 mètres, soit entre 10 et 15 cm de plus que les concurrents en 400cm3 sur le marché. Cela influence évidemment la longueur, culminant ici à presque 2,30 mètres, soit 15 à 20 centimètres de plus que ses concurrents à essence. Pour autant, c’est une architecture dont nous devons commencer à nous habituer. La place restreintes pour les batteries est consubstantielle avec l’allongement de l’empattement, étant donné qu’elles sont logeables uniquement sous le plancher et sous la salle. L’idée d’intégrer le moteur directement dans la roue pourrait être une voie d’amélioration mais les masses non-suspendues (ajouter une coefficient 6 pour avoir le poids en ordre de marche) réduiraient fortement l’optimisation créant ainsi une surconsommation. L’électrification apporte tout de même une solution à ce problème d’encombrement, une marche arrière de série, plus qu’utile lors des déplacements. Cela a du bon parfois de ne pas avoir de boite de vitesse !
Mais alors, avec presque 6 ans de développement, le CE 04 apporte-t-il quelque chose par rapport au C-Evolution qu’il remplace ? BMW s’est vite rendu compte que son C-Evolution était utilisé majoritairement en ville, les ingénieurs bavarois ont donc mis l’accent sur l’utilisation urbaine. Un régime lui fera perdre 45 kilos tout en améliorant le 0 à 50km/h mais en perdant 2 secondes sur le 0 à 100. Une restructuration totale des batteries et du moteur électriques lui fera gagner aussi un coffre permettant de loger, désormais, un casque intégrale. J’ai été immédiatement saisi par le confort de la suspension. Le monobras oscillant à l’arrière absorbe les moindres aspérités de la route, que ce soit les pavés, nid de poules, etc… Un véritable game changer par rapport aux différents concurrents électriques/thermiques. Déjà exprimé en amont.
Mais ce qui devait arriver, arriva, me voilà à court de batterie, je dois trouver un moyen de charger le scooter. Habitant en résidence et n’ayant donc pas de prise de courant classique à disposition, je dois faire preuve d’une grande rigueur et organisation. Je réussis bien l’exercice, à plusieurs reprises, je trouve même un borne tesla compatible « tous véhicules électriques » avec laquelle j’ai chargé de 15% à 75% en une petite demi-heure.
Sur une prise domestique, vous rechargerez de 0% à 80% en 3h30 à une puissance de 2,3 kW. A domicile, BMW propose d’installer sa propre “Wallbox” qui vous permettra de de réduire ce temps de charge à 65 minutes seulement, avec une puissance de 6,9 kW. Evidemment cela sera en fonction de l’ampérage disponible chez vous mais ces Wallbox, dont le partenaire du groupe BMW est Schneider, ont un coût non négligeable lors de l’installation – environ 1000 euros en fonction de la longueur du câble à raccorder à votre tableau électrique. Mais si l’installation d’une Wallbox n’est pas faisable, vous pouvez opter pour la “charge rapide” (disponible en option) , vous bénéficierez d’un câble de charge de type 3 qui vous permettra de charger aussi rapidement que sur un chargeur dédié, avec n’importe quelle prise compatible charge rapide, publiques ou privées.
Une chose est sure, pour profiter d’un véhicule électrique urbain comme celui-ci, vous devez être « électro-compatible » : votre capacité à pouvoir utiliser de manière convenable l’appareil, que ce soit pour la recharge en elle-même mais aussi le scooter dans son usage ; plus particulièrement son autonomie. Évidemment ce scooter est clivant et la cible très facile à imaginer. Avec un prix démarrant à 12 150 euros il n’ouvre pas la voie à une électrification à grande échelle, d’autant plus que son autonomie de 130 kilomètres en usage urbain reste faible et pourra en freiner plus d’un. Et pourtant ce CE 04 a plus que le mérite d’exister, il a le mérite de faire réagir les autres constructeurs à développer des produits électriques. Et les lois du marché sont claires, la concurrence fera baisser le prix et rendra les scooters électriques accessibles. Ainsi, si dans 10 ans il sera banale de voir un 2 roues se déplaçant dans le silence et effectuant parfois quelques arrêts sur certaines prises électriques, cela émanera de l’impulsion du CE 04.
Vous la sentez-vous aussi, cette heure de fin de règne du scooter tel que nous le connaissons ?
Si vous souhaitez, vous aussi, vous faire un avis sur le nouveau scooter électrique BMW CE 04, rendez-vous dans l’une des 3 concessions CO2 Moto Boulogne, Coignières ou Vélizy, ou via leur site internet pour demander un essai.