McLaren 720S

Nouvelle ère.

Présentée en 2017 au salon de Genève, la McLaren 720S, remplaçante de la 650S, a fait couler beaucoup d’encre, d’abord sur son style innovant, puis sur ses performances. Pour autant, peu de personnes ont parlé de la chose la plus impressionnante. Le temps. En l’espace d’une décennie, commençant avec la MP4-12C, McLaren a construit une marque partant (pratiquement) de rien, capable de rivaliser avec les sportives au pédigrée s’étalant parfois sur plus de 40 ans. C’est devenu presque banal aujourd’hui de comparer l’une des productions anglaise aux marques italiennes ou allemandes, mais arriver à un tel niveau de performance en l’espace de 10 ans est une prouesse. Preuve que les esprits qui errent à Woking ont du pétrole dans la tête.

La forme suit la fonction

Si les marques transalpines aiment émerveiller les sens avec du rouge vif, des coupes franches et des noms d’animaux, en Angleterre on ne suit pas le même dogme. Sous la direction de Robert Melville et de Frank Stephenson, la 720S est née comme un outil dont l’objectif est la performance.

Ici, chaque élément a une fonction, afin d’atteindre une pureté aérodynamique sans pareil. Les feux à LED avant sont encastrés de façon orbitale, actant également comme une arrivée d’air pour les radiateurs. Le flanc est sculpté afin d’intégrer une double paroi, servant à guider l’air au moteur. La poupe libère l’extracteur d’air de ses échappements qui se retrouvent entre les feux arrière en forme de vague. Le bouclier très ouvert permet d’admirer, après un petit effort à mettre ses genoux au sol, la transmission, la boite de vitesse et de nombreux éléments du moteur. Ce dernier, placé 10 mm plus bas que sa devancière, ne donne plus aucun accès au conducteur, mais s’habille d’une élégante lumière rouge représentant le cœur de la voiture.

Grâce à la monocoque en carbone, nommée Monocage II, les piliers et montant de porte sont très fins, augmentant de manière importante les surfaces vitrées et donnant cet air de lévitation au cockpit. Certes le design de cette 720S n’est pas conforme et ne plaît pas à tout le monde, mais il ne se différencie pas par des éléments superflus et dénués de sens mais par une recherche minutieuse de la performance.

Ainsi, le design de la 720S est un coup de crayon de génie, guidé par une étude aérodynamique afin d’atteindre une forme capable de fendre l’air à n’importe quelle vitesse. C’est une voiture qu’il faut voir en vrai, qu’il faut toucher pour apprécier l’immense travail réalisé sur ces courbes.  

En sortie de courbe on re-enfonce l’accélérateur, la 720S ne perd pas une miette de traction, passe tout sur le train arrière et disparaît à l’horizon.

Loin d’un salon anglais

A l’intérieur la 720S sait recevoir ses occupants, dans un premier temps avec, comme expliqué au-dessus, une surface vitrée inédite pour une supercar, même une citadine ne fait pas mieux. Notre modèle d’essai est équipé des sièges Touring, confortables et avec un bon maintien, ils offrent une position de conduite parfaite, avec un volant qui se règle sur pléthore de niveaux. Même avec 1m83 on se sent à l’aise et après 400 kilomètres de route, aucun signe de fatigue, aucun mal de dos.

De surcroît, l’espace dédié aux bagages culmine à 150 litres dans le coffre avant mais un vaste espace est disponible derrière les sièges, au-dessus du moteur. Les réglages dynamiques s’effectuent via 2 boutons, un « handling » (comportement) et l’autre « powertrain » (groupe motopropulseur) et évoluent sur 3 niveaux : « comfort », « sport » et « track ». En mode « track », la plupart des aides se déconnectent et être précautionneux est un euphémisme. Le volant est synonyme de pureté, pas un seul bouton, seulement du cuir et une circonférence parfaite permettant un contrôle à tout instant.

Malgré la présence d’un système info divertissement vieillissant, le combiné d’instrumentation se révèle précis, affichant les informations utiles et se rétractant une fois la position « track » activée, ne laissant plus que le régime moteur, le rapport de boîte enclenché et la vitesse. Il est aussi important de noter que McLaren développe tout « maison », ce qui est, à ma connaissance unique aujourd’hui, même Rolls Royce s’autorise à utiliser certaines pièces BMW, Lamborghini emprunte allègrement chez Audi, mais McLaren s’y refuse. L’ergonomie est donc propre à la marque de Woking et il faut un peu de temps pour s’y habituer et apprendre les processus, à la manière d’un avion. 

C’est une voiture qu’il faut voir en vrai, qu’il faut toucher pour apprécier l’immense travail réalisé sur ces courbes.  

A la croisée des mondes  

La recette est simple mais néanmoins très moderne. Un V8 aidé par deux turbos, développant 720 chevaux propulsant le coupé anglais de l’arrêt à 100 kilomètres heures en moins 2,8 secondes et arrêtant la poussée à plus de 330 km/h. La partie empirique peut déjà donner des sueurs froides une fois pris en compte que la 720S est une propulsion et pourtant, même à pleine charge l’anglaise se révèle saine et très prévenante. Certes, l’armada technologique joue les garde-fous mais ne devient pas intrusif permettant au pilote de se concentrer seulement sur la conduite. La rigidité de la monocoque (Monocage II), permet de contenir le poids (1283 kg) mais donne surtout une agilité permettant à la 720S de s’attaquer même aux routes les plus sinueuses.

Le virage semble loin, très loin même, mais plus on enfonce la pédale d’accélérateur plus le paysage défile vite, à la manière d’un film en accéléré. Puis on saute sur les freins à l’attaque ferme, l’anglaise perd plusieurs dizaines de kilomètres heures en un battement de cœur et l’aileron fait office d’aérofrein. A ce moment tout va tellement rapidement qu’il faut se rappeler de rentrer les rapports pour se retrouver au bon régime en sortie de courbe. Alors on tire la palette, la 4, la 3, la 2 et on plonge dans la courbe comme un nageur dans un bassin Olympique. Le grip mécanique nous chuchote que nous pourrions passer encore 20 km/h plus vite, mais les routes des Hauts de France ne sont pas un circuit et on se bride pour ne pas aller plus vite. En sortie de courbe on re-enfonce l’accélérateur, la 720S ne perd pas une miette de traction, passe tout sur le train arrière et disparaît à l’horizon. 

Tout semble télépathique, la boîte à double-embrayages à 7 rapports réagit aussi vite qu’une connexion neuronale et on se sent embarqué à tout moment par ce manège. La direction électrohydraulique est le prolongement de votre bas, sauf lorsque les roues sont très braquées. Certes le bruit n’est pas aussi expressif qu’une 488 GTB, mais il n’en demeure pas moins caractéristique et la coque en carbone fait un très bon travail de transformer l’habitacle en salle de concert résonnante.

Sur autoroute, stabilisé aux 130 km/h réglementaire, le coupé anglais se révèle très utilisable, les kilomètres défilent sans effort, avec seulement le grondement du V8 en fond et les yeux ébahis des enfants sur la banquette arrière des autres voitures. La consommation s’oublie vite avec en moyenne 12.5 l/100 sur autoroute mais le rayon d’action, dû au petit réservoir, se situe autour des 370 kilomètres.  On rejoint facilement Paris sans mal de dos ni mal de tête. Après quelques bouchons, passé par Denfert Rochereau puis Montparnasse on peut profiter de la 720S et de ses nombreuses surfaces vitrées, aidant considérablement lors des escapades urbaines.

Alors on tire la palette, la 4, la 3, la 2 et on plonge dans la courbe comme un nageur dans un bassin Olympique. Le grip mécanique nous chuchote que nous pourrions passer encore 20 km/h plus vite.

Tous les réglages sont impressionnants par leurs équilibres. Avec plus de 350 chevaux à chaque roue arrière, l’amortissement doit travailler main dans la main avec le contrôle de traction et dans ce cas c’est le juste milieu parfait. Les suspensions sont assez molles pour ne perdre aucune adhérence et assez ferme pour ne subir aucun roulis. La direction est assez assistée pour ne pas souffrir des pneus larges à l’avant (av: 235 / ar: 305) mais assez naturelle pour tout ressentir. La boite de vitesse est assez rapide pour être mécaniquement imperceptible mais assez brutale pour impliquer le conducteur.

Plus qu’un tour de force mécanique et technologique, la 720S est un équilibre rarement atteint dans l’automobile moderne, une prouesse technique forçant l’admiration.

Ici, dans le monde des hautes performances tout est question de millimètres, de grammes, de millisecondes afin de trouver l’ajustement idéal. Et, à Woking, ils l’ont trouvé cet ajustement si convoité, celui qui rend une bonne voiture en objet fascinant. 

Note, mentions et conclusion :

Score : 81/100

Extérieur – 17/20

Intérieur – 16/20

Moteur – 18/20

Dynamisme & Sensations – 17/20

Confort & Praticité – 13/20

Plus qu’un tour de force mécanique et technologique, la 720S est un équilibre rarement atteint dans l’automobile moderne, une prouesse technique forçant l’admiration.   

Un grand merci à McLaren Automotive à Woking, en particulier à Federica. Merci à McLaren Paris, en particulier à Pauline, Olivier et Franck.

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